- L’invité : Gaetan Flocco, sociologue, maître de conférences à l’Université d’Evry Paris-Saclay et membre du centre Pierre Naville
Pendant longtemps, les cadres ont incarné l’emblème de la société salariale française. Synonymes de réussite sociale, ils ont largement bénéficié de la prospérité d’après-guerre. Mais depuis les années 1990, le capitalisme néo-libéral a mis fin à cet état de grâce : pressions managériales, intensification du travail, restructurations, etc. Dans ce contexte défavorable, ils consentent malgré tout à leur propre domination, en dépit des sursauts critiques de certains d’entre eux. Sur quoi repose cette acceptation de leur servitude ? Certes, la contrainte salariale, celle de l’indispensable rémunération, et la hantise du chômage dissuadent de toute révolte. Néanmoins, ces motifs sont loin de suffire. Les cadres puisent dans leur travail nombre de satisfactions, irréductibles à l’appât du gain et à la peur du déclassement. En estimant d’abord travailler pour eux-mêmes, ces profits symboliques les rendent aveugles à leur asservissement. Plus encore, ils adhèrent à l’idéologie managériale jusqu’à idéaliser et enchanter cet univers du travail qui pourtant les domine.
- Inscription via le formulaire ci-dessous :